Le Pub (Novembre 2019) – Les Temps Modernes

Je notre si cavore, je la tu la ti la toi !

À chaque mois son Pub, et cette fois ci Billy, tu as choisi un classique du cinéma américain, Les Temps Modernes de Charlie Chaplin. Allons donc, sans plus attendre, faire un tour dans les années 1930, que nous avions déjà abordées à travers King Kong et Le Magicien d’Oz, pour découvrir comment Charlot fait de la grande dépression une grande comédie. Moteur !

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Hu, dada !

LES TEMPS MODERNES

Réalisateur : Charlie Chaplin

Acteurs principaux : Charlie Chaplin, Paulette Goddard

Date de sortie : 24 septembre 1936 (France)

Pays : États-Unis

Budget : 1,5 millions $

Box-office : 1,4 millions $ (US uniquement)

Durée : 1h27

N’oublie pas Billy, brosse toi les dents trois fois par jour !

GRANDE DÉPRESSION

Les Temps Modernes est sans doute le film le plus connu de Charlie Chaplin avec Le Dictateur, et l’apparition la plus célèbre du personnage de Charlot. Cependant, si tout le monde connaît les scènes où le vagabond est pris dans les rouages de la machine, ou celle où il chante n’importe quoi – ce qui amènera l’air de la chanson à devenir un grand succès, repris notamment par les clowns dans les cirques pour leurs numéros, comme on peut le voir par exemple dans le bien nommé Les Clowns de Fellini – on connaît en général moins bien le reste du film.

Nous sommes au milieu des années 30 aux États-Unis, c’est la Grande Dépression après le Krach boursier de 1929. L’économie est en ruines, le chômage atteint des taux jamais égalés, les banques font faillite les unes après les autres, famine, sécheresse, pauvreté, … Bref, l’Amérique a connu des jours plus heureux et n’aspire plus qu’à retourner de l’autre côté de l’arc-en-ciel ; où l’attend, espérons-le, son Magicien d’Oz. C’est dans ce contexte de dés-humanité que Chaplin place sa nouvelle histoire.

Dés-humanité, car les conditions de travail des ouvriers n’ont rien d’humaines. Dès le premier plan du film d’ailleurs, Chaplin compare les hordes de travailleurs à un troupeau de moutons agités qu’on emmène à l’abattoir, exécuter leur tâche insensée dans des usines sans âme. On y invente des machines improbables conçues à base de bullshit scientifique, qui trouveraient sans doute leur place aux côtés de l’ « audio-vibratory-physio-molecular transport device » du Rocky Horror Picture Show. Il aura suffit de neuf ans pour que Metropolis ne soit plus science-fiction mais réalité.

Les ouvriers n’ont rien à envier aux prisonniers, et réciproquement. C’est le triomphe du fordisme le plus machinal, où les gestes deviennent automatismes et où la misère fait de chaque homme un criminel. « Nous ne sommes pas des cambrioleurs, nous avons faim » dira l’un d’entre eux à Charlot. Dans ce contexte, pas étonnant que notre personnage devienne subitement fou et s’adonne à une petite danse – tout comme Arthur le fera plus tard dans Joker, qui cite explicitement Les Temps Modernes au cours de la scène du cinéma. Bienvenue dans Le Meilleur des Mondes d’Huxley, où Dieu s’est fait homme et porte le prénom Henry.

« Ford’s in his Flivver, all’s right with the world. »

L’ère de l’homme machine.

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS

À de nombreuses reprises durant le film, les personnages se tournent droit vers la caméra, lançant un regard désespéré comme un appel au secours au spectateur pour les sauver de cette frénésie. Car, peut-être, ce qui fait le plus la modernité de ce Temps éponyme, c’est la vitesse à laquelle il passe. Charlot et les autres sont prisonniers d’un monde qui va trop vite pour eux ; comme nous sommes prisonniers aussi du nôtre qui va toujours trop vite, conservant finalement la pertinence du film pour nous autres spectateurs encore 83 ans après.

Les Temps Modernes est un film sous crack, et pas seulement à cause de la scène où le vagabond sniffe accidentellement une énorme dose de co… de poudre blanche. Les gags s’enchaînent à un rythme effréné, entraînant la comédie slapstick si caractéristique de Chaplin dans une valse à mille temps que n’aurait pas renié Brel, à ceci près que celle ci ne prend certainement pas le temps de patienter pour quoi que ce soit.

Tout semble aller à toute vitesse, mais ce n’est pas qu’une impression. Les Temps Modernes est le dernier représentant de l’ère muette à Hollywood, neuf ans après que Le Chanteur de Jazz a poussé pour la première fois la chansonnette. Pourtant, il incorpore quelques sporadiques passages parlants, comme les ordres du directeur de l’usine qui se tourne les pouces et fait ses puzzles pendant que ses employés s’échinent dans l’atelier, ou la célèbre chanson en pseudo-français pseudo-italien pseudo-n’importe quoi qui restera la première et dernière fois de l’histoire du cinéma où on entendra Charlot parler. À ce titre de film transitif entre le muet et le parlant, le chef d’œuvre de Chaplin joue dans les deux camps à la fois, ayant été filmé en 18 images/seconde (Le format muet) mais projeté volontairement en 24 images/seconde (Le format parlant), donnant ainsi l’impression que tout advient en accéléré. Les personnages sont donc coincés dans un film qui va, littéralement, trop vite pour eux.

GARDE LA PÊCHE

En fin de compte, en dépit de l’adversité, Les Temps Modernes est la plus parfaite illustration de l’adage « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer ». Parce que le film est, avant tout, une comédie, et une comédie très drôle. Je ne suis pas fan inconditionnel de Chaplin, mais je dois bien admettre qu’il faut être sacrément aigri pour ne pas trouver le film amusant. Et c’est, je crois, toujours ce que recherche Chaplin dans ses films ; faire de tout une comédie, savoir rire de ses problèmes. À quoi bon pleurer ?

Les Temps Modernes est l’histoire de l’ « humanité partant en croisade à la recherche du bonheur ». C’est pas moi qui le dit, c’est l’intertitre d’introduction. Et c’est exactement ça, en ce sens que les personnages ne luttent pas tant contre ce monde inarrêtable que pour y trouver de quoi sourire. « I used to think that my life was a tragedy. But now I realize… it’s a fucking comedy » disait encore le Joker.

Et justement, dans ce dernier film, on retrouve dans une scène cruciale (et dans la bande-annonce) la chanson « Smile » chantée par Jimmy Durante, une chanson originellement composée sans paroles par Chaplin pour Les Temps Modernes. Elle sert de thème musical à Charlot et l’Orpheline, et représente leur histoire tout au long du film. Ils affrontent l’adversité, essuient plâtres sur plâtres, mais se relèvent toujours. Et Charlot reprend la route, ce sera le dernier film du personnage, et avec lui mourra l’ère du muet. Mais jusqu’à la fin, il garde le sourire. Parce qu’après tout, que peut-il bien faire d’autre ?

« Smile though your heart is aching
Smile even though it’s breaking
When there are clouds in the sky
You’ll get by if you smile
Through your fear and sorrow
Smile and maybe tomorrow
You’ll see the sun come shining through
For you. »

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Garde la pêche ! Et il s’envole dans l’hyperespace…

LE MOT DE LA FIN

La sortie récente de Joker est une excellente raison pour se replonger dans le chef-d’œuvre de Charlie Chaplin. C’est une leçon de persévérance, d’humour, et une invitation à garder le sourire en toutes circonstances, dans un monde frénétique qui va trop vite pour ses habitants. Et encore aujourd’hui à bien des égards, les Temps sont toujours aussi Modernes.

Les Pubs sont des articles dont le sujet est choisi par les lecteurs via des sondages sur la page Facebook du 7ème Café, abonne-toi pour pouvoir voter !

Note : 7,5 / 10

« CHARLOT – Buck up, never say die ! »

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… if you just SMILE.

— Arthur

Tous les gifs et images utilisés dans cet article appartiennent à United Artists, et c’est très bien comme ça.

3 commentaires sur “Le Pub (Novembre 2019) – Les Temps Modernes

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  1. « Il aura suffit de neuf ans pour que Metropolis ne soit plus science-fiction mais réalité. » Tu l’as piqué à Cranoir ? Parce que j’allais dire que tu m’avais volé mon commentaire, mais en fait c’est lui ? x-)

    Moi, j’croyais que la chanson en charabia était en espéranto avant de me documenter. J’ai été déçu.

    Aimé par 1 personne

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