Même après près d’un siècle, on ne s’en lasse pas ; que la 94ème cérémonie des Oscars commence !
Ça y est, les Oscars reviennent ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la cérémonie de cette année risque d’être différente – en bien ou en mal, seule cette nuit nous le dira… Les controverses sont allées bon train dès l’annonce de l’éviction de huit catégories qui seraient diffusées en replay et pas en direct pendant la cérémonie – ce qui a fait râler à juste titre à peu près l’ensemble de la communauté cinématographique – ainsi que l’introduction d’un « Oscar Fan Favorite », sorte de récompense subsidiaire décernée par les tweets du public (hum) qui semble n’avoir été pensé que pour s’assurer que les machines à millions soient nommées pour ramener des spectateurs à une cérémonie dont les audiences font naufrage. Ajoutons à cela le fait que beaucoup de catégories cette année sont courues d’avance et l’on a tôt fait de regretter le spectre d’une cérémonie presque parfaite en 2021.
Malgré tout, ce sont 38 longs-métrages qui sont nommés cette année, et certaines catégories nous réservent assurément des surprises. Le Pouvoir du Chien caracole en tête avec 12 nominations, suivi de près par Dune avec 10 puis Belfast et West Side Story avec 7 chacun. La catégorie Meilleur Film est revenue à 10 nommés pour la première fois depuis une décennie, et l’on notera que pour la première fois, un film réussit le cumul de nominations Meilleur Documentaire, Meilleur Film International et Meilleur Film d’Animation grâce à Flee ! Du côté des acteurs, on relèvera aussi la présence de deux couples dans les nominations avec Penelope Cruz et Javier Bardem dans les catégories Meilleurs Acteur et Actrice, et Jesse Plemons et Kirsten Dunst chez les Second Rôles.
Bref, que les pronostics commencent ! Comme chaque année j’élude les courts-métrages, et les pronostics suivants reflètent mes envies personnelles – j’indiquerais, le cas échéant, mon pronostic réaliste également. Prêt à twerker avec Glenn Close ?

MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
- Licorice Pizza
- Belfast
- Don’t Look Up
- Julie (en 12 chapitres)
- La Méthode Williams
- Il aurait pu être nommé → La Main de Dieu
Les catégories scénaristiques font souvent partie des moins certaines, et je me suis trompé quasiment systématiquement, alors je ne promets rien ! Si Don’t Look Up ou Belfast pourraient se faire remarquer, mon vote ira à Licorice Pizza. Bien que le dernier né de PTA ne m’ait que partiellement convaincu lors du visionnage, je dois admettre que son souvenir m’est plus doux. C’est une histoire sincère, efficace, riche et nostalgique, qui a tout ce qu’on pourrait atteindre d’un Meilleur Scénario.

MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTÉ
- Drive My Car
- CODA
- Dune
- Le Pouvoir du Chien
- The Lost Daughter
- Il aurait pu être nommé → Passing
Le Pouvoir du Chien et CODA sont les pièces à abattre, mais j’espère vraiment vraiment que Drive My Car crée la surprise dans cette catégorie. Ryūsuke Hamaguchi signe une odyssée émotionnelle multilingue dont le fond et la forme s’allient parfaitement pour nous dire quelque chose de la difficulté de communiquer. C’est un travail d’une subtilité extraordinaire ; et bien que ce soit une prédiction osée, aucun des autres films ne lui arrive à la cheville.
MEILLEUR FILM INTERNATIONAL
- Drive My Car (Japon)
- L’École du Bout du Monde (Bhoutan)
- Flee (Danemark)
- Julie (en 12 chapitres) (Norvège)
- La Main de Dieu (Italie)
- Il aurait pu être nommé → Marin des Montagnes (Brésil)
Une tendance se dessine depuis quelques années où l’un des nommés au Meilleur Film International se retrouve aussi dans la catégorie Meilleur Film. Il y eut Roma en 2018, puis Parasite en 2019. D’une manière générale, les films étrangers débordent de plus en plus de leur catégorie, avec cette année Flee à l’Animation et au Documentaire, ou encore Julie (en 12 chapitres) au Scénario. Bref, tout ça pour dire qu’avec ses quatre nominations dont Meilleur Film, il est impossible que Drive My Car ne reparte pas avec ce prix là – et ce sera amplement mérité !

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
- Jesse Plemons, pour le rôle de George Burbanks dans Le Pouvoir du Chien
- J.K. Simmons, pour le rôle de William Frawley dans Being the Ricardos
- Ciaran Hinds, pour le rôle de « Pop » dans Belfast
- Troy Kotsur, pour le rôle de Frank Rossi dans CODA
- Kodi Smit-McPhee, pour le rôle de Peter Gordon dans Le Pouvoir du Chien
- Il aurait pu être nommé → Simon Helberg, pour le rôle du chef d’orchestre dans Annette
Voilà une catégorie pour le moins intéressante ! Troy Kotsur, l’acteur sourd de CODA, a émergé comme immense favori récemment alors que c’était Kodi Smit-McPhee qui avait littéralement tout remporté jusque là. Mais j’ai envie de plutôt mettre en avant son partenaire de jeu dans Le Pouvoir du Chien, Jesse Plemons. Je ne crois pas avoir eu l’occasion de le dire ici mais J’ADORE Plemons ; c’est un acteur monstrueusement sous-côté qui s’illustre toujours avec justesse dans des seconds rôles sans jamais voler la vedette à ses collègues, que ce soit dans Black Mirror (« USS Callister »), Vice ou Judas and the Black Messiah. La subtilité de sa performance cette année a été bien trop peu mise en valeur et ce serait une belle revanche que de remporter la statuette !

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
- Ariana DeBose, pour le rôle d’Anita dans West Side Story
- Judi Dench, pour le rôle de « Granny » dans Belfast
- Aunjanue Ellis, pour le rôle d’Oracene « Brandy » Price dans La Méthode Williams
- Kirsten Dunst, pour le rôle de Rose Gordon dans Le Pouvoir du Chien
- Jessie Buckley, pour le rôle de Leda Caruso jeune dans The Lost Daughter
- Elle aurait pu être nommée → Ruth Negga, pour le rôle de Clare Bellew dans Passing
Ironiquement, la catégorie Meilleure Actrice dans un Second Rôle a eu les nominations les plus surprenantes mais aura l’une des victoires les plus certaines. Pour autant que j’apprécie Aunjanue Ellis et Judi Dench, qui d’autre que la volcanique, grandiose, époustouflante Ariana DeBose pourrait bien gagner ce soir ? Porter West Side Story sur ses épaules n’est pas une mince affaire, surtout quand on sait l’héritage de l’original aux Oscars. Mais DeBose transcende le rôle déjà récompensé il y a 60 ans, et marche avec assurance dans les pas de l’illustre Rita Moreno. Un air de déjà-vu ?

MEILLEURS MAQUILLAGES ET COIFFURES
- Dune
- Cruella
- Dans les Yeux de Tammy Faye
- House of Gucci
- Un Prince à New York 2
- Il aurait dû être nommé → West Side Story
Le maquillage et les coiffures sont loin d’être mon domaine de prédilection. Mais s’il y a bien une chose que je sais, c’est que l’Académie adooooooore les transformations physiques – pense Les Heures Sombres, Vice ou Scandale rien que depuis l’inauguration du 7ème Café. Si cela place Tammy Faye en pôle position, il ne faudrait cependant pas oublier l’imposant Baron Harkonnen de Dune, ainsi que la barbe splendide du Duke Leto, ou encore les yeux bleus des Fremen. Et puis, je trouve que ça va bien avec la prochaine catégorie.

MEILLEURS COSTUMES
- Dune
- Cruella
- Cyrano
- Nightmare Alley
- West Side Story
- Il aurait pu être nommé → Spencer
Meilleurs Costumes et Meilleurs Maquillages ne vont pas souvent ensemble aux Oscars, mais je vois très bien Dune faire une double victoire. Et quand bien même il louperait la catégorie précédente, ses chances me paraissent encore plus élevées ici ! Construire un univers tangible n’est pas une mince affaire, mais Jacqueline West et Bob Morgan ont su donner corps et âme aux personnages du film ; je pense tout particulièrement à la cérémonie sur Arrakis, avec les émissaires de l’Empereur et la cour des Bene Gesserit dans leurs robes rétro-futuristes.

MEILLEUR SON
- Dune
- Belfast
- Mourir Peut Attendre
- Le Pouvoir du Chien
- West Side Story
- Il aurait pu être nommé → Drive My Car
Le Meilleur Son était la catégorie la plus facile à prédire l’an dernier… et l’est encore cette année. Denis Villeneuve est un habitué du design sonore percutant (Premier Contact, Blade Runner 2049) et Dune ne déroge pas à la règle. Dans un film au worldbuilding absolument monumental, c’est dire quelque chose que le son est son plus grand mérite – ce qui rend indispensable le visionnage du film en salles ! L’atmosphère se révèle dense et profonde, lourde de sens et des échos d’histoires passées et à venir. Un triomphe.

MEILLEUR FILM D’ANIMATION
- Les Mitchell contre les Machines
- Raya et le Dernier Dragon
- Il aurait pu être nommé → Evangelion 3.0+1.0 : Thrice Upon a Time
Il est difficile de se tailler une place dans une catégorie historiquement dominée par Disney et surtout Pixar, d’autant plus lorsque trois des cinq nommés sont des bébés des studios susnommés. Mais les producteurs Phil Lord et Chris Miller ont déjà réussi le coup avec Spider-Man : New Generation il y a quelques années, et pourraient bien réitérer avec le génialissime Les Mitchell contre les Machines ! Une animation de haute volée, originale et novatrice, et un scénario aux petits oignons à l’humour ravageur font des Mitchell l’un de mes films préférés de l’année 2021. Gloire au rhombe de la subjugation infinie !

MEILLEUR DOCUMENTAIRE
- Summer of Soul
- Ascension
- Attica
- Flee
- Writing With Fire
- Il aurait pu être nommé → Marin des Montagnes
Summer of Soul est l’un des, si ce n’est le, meilleurs films de l’année 2021, toutes catégories confondues. Dans une course où la sélection documentaire est particulièrement forte, je l’aurais même bien vu concourir au Meilleur Film. C’est un morceau d’histoire oubliée, reconstruit avec habileté par Questlove autour d’un concert exceptionnel de soul à Harlem en 1969. Images d’archives et témoignages se mêlent aux performances légendaires des plus grands artistes musicaux de l’époque ; brut, sensible et délicieusement groovy. Viens pour la musique, reste pour le message !

MEILLEURS EFFETS SPÉCIAUX
- Dune
- Free Guy
- Mourir Peut Attendre
- Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux
- Spider-Man : No Way Home
- Il aurait dû être nommé → Les Éternels
Y a-t-il vraiment débat ? L’Académie fait souvent ici n’importe quoi, et le démontre encore en nommant No Way Home plutôt que Les Éternels, mais tant pis pour Marvel cette année, il n’y a clairement pas photo. Pour tous les défauts scénaristiques que je lui trouve, Dune est une masterclass technique et s’impose légitimement dans toutes les catégories attenantes. Tout est dit.

MEILLEURS DÉCORS ET DIRECTION ARTISTIQUE
- Dune
- Macbeth
- Nightmare Alley
- Le Pouvoir du Chien
- West Side Story
- Il aurait pu être nommé → Drive My Car
Je l’ai déjà dit pour d’autres catégories mais je le redis encore, la force de Dune est son worldbuilding, la façon dont cet univers de science-fiction se construit et est rendu palpable par tous les éléments qui le composent. Des cités brutalistes aux vaisseaux minimalistes, les décors du monde de Villeneuve lui donnent toute sa texture, et nous invitent chaque instant à l’explorer un peu plus.

MEILLEURE CINÉMATOGRAPHIE
- Macbeth
- Dune
- Nightmare Alley
- Le Pouvoir du Chien
- West Side Story
- Il aurait pu être nommé → The Green Knight
Allez, un choix non-consensuel pour corser le jeu. On a vu ces dernières années une résurgence de films en noir et blanc et quelques uns ont réussi à s’imposer aux Oscars – Roma, par exemple, ou encore Mank l’année en dépit du fait que Nomadland était favori ! Sur ce principe, je verrai bien Macbeth triompher en outsider ce soir. Le noir et blanc, en lui-même, est déjà tout un art ; mais il est rendu encore plus exceptionnel par la maestria avec laquelle Bruno Delbonnel ressuscite les codes de l’expressionnisme allemand et joue avec les ombres et les formes, construisant ses images comme autant de vitraux d’une cathédrale gothique.

MEILLEUR MONTAGE
- Dune
- Don’t Look Up
- La Méthode Williams
- Le Pouvoir du Chien
- Tick, tick… BOOM!
- Il aurait pu être nommé → Summer of Soul
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est un fait : l’Oscar du Meilleur Montage et l’Oscar du Meilleur Son vont tout le temps au même film depuis 2012. À chaque fois je fais des choix différents et je me trompe dans mes pronostics, et bien pas cette année ! Puisque Dune est assuré de sa victoire sonore, il devient donc aisé de prédire que le Meilleur Montage lui sera également attribué. Après tout, il faut bien ça pour faire tenir un film de deux heures et demi, non ?

MEILLEURE BANDE ORIGINALE
- Dune
- Don’t Look Up
- Encanto
- Madres Parallelas
- Le Pouvoir du Chien
- Il aurait pu être nommé → Spencer
Promis, c’est la dernière fois. J’ai le sentiment que la Meilleure Bande Originale est une catégorie où tout peut encore arriver, et j’ai changé plusieurs fois mon pronostic avant la version finale de cet article. Le Pouvoir du Chien s’est illustré lors de quelques cérémonies précédentes, Madres Parallelas a été la nomination surprise et pourrait jouer en outsider, j’aime beaucoup la musique de Don’t Look Up et encore plus celle d’Encanto – mais si je veux être cohérent avec moi-même, je le vois mal gagner ici sans une victoire à l’Animation. Alors il reste Dune et les basses vrombissantes caractéristiques de Hans Zimmer, qui étrangement n’a jusqu’ici gagné que pour Le Roi Lion (!) et pourrait bien finir avec un Oscar, ne serait-ce qu’en compensation pour l’ensemble de sa remarquable carrière.
MEILLEURE CHANSON ORIGINALE
- « No Time to Die » dans Mourir Peut Attendre
- « Down to Joy » dans Belfast
- « Dos Oruguitas » dans Encanto
- « Somehow You Do » dans Four Good Days
- « Be Alive » dans La Méthode Williams
- Elle aurait dû être nommée → « So May We Start » dans Annette
Disney s’est tiré une balle dans le pied en nommant la moins bonne des chansons d’Encanto alors que toutes les autres sont des bangers, de « Surface Pressure » à « Waiting on a Miracle » en passant par la chanson de tous les records, « We Don’t Talk About Bruno ». Tant pis pour eux, ça ouvre une voie royale à « No Time to Die » ; Dieu sait que l’Académie aime les chansons de la saga James Bond – et le public aussi ! Fool me once, fool me twice, are you death or paradise? There’s just no time to die…
MEILLEURE ACTRICE
- Kristen Stewart, pour le rôle de Lady Diana dans Spencer
- Nicole Kidman, pour le rôle de Lucille Ball dans Being the Ricardos
- Jessica Chastain, pour le rôle de Tammy Faye dans Dans les Yeux de Tammy Faye
- Penelope Cruz, pour le rôle de Janis Martinez Moreno dans Madres Parallelas
- Olivia Colman, pour le rôle de Leda Caruso dans The Lost Daughter
- Elle aurait pu être nommée → Rachel Zegler, pour le rôle de Maria dans West Side Story
C’est la première fois depuis longtemps qu’aucune des actrices nommées ne l’est pour un rôle dans un nommé au Meilleur Film. Ça laisse la catégorie grande ouverte aux spéculations ; bien que Chastain semble favorite récemment, on pourrait voir un retour en grâce de Kidman qui l’était plus tôt dans la saison. Et surtout, il ne faut pas oublier le facteur Kristen Stewart, avec une performance d’une grande force et émotivité dans le rôle de composition de Lady Diana dans Spencer. Elle brille dans la tragédie comme dans l’extraordinaire liberté de la séquence rêvée en fin de film.

MEILLEUR ACTEUR
- Benedict Cumberbatch, pour le rôle de Phil Burbanks dans Le Pouvoir du Chien
- Javier Bardem, pour le rôle de Desi Arnaz dans Being the Ricardos
- Denzel Washington, pour le rôle de Macbeth dans Macbeth
- Will Smith, pour le rôle de Richard Williams dans La Méthode Williams
- Andrew Garfield, pour le rôle de Jonathan Larson dans Tick, tick… BOOM!
- Il aurait pu être nommé → Hidetoshi Nishijima, pour le rôle de Yusuke Kafuku dans Drive My Car
Oui, bon d’accord, Will Smith a littéralement tout remporté jusqu’ici. Mais je ne suis pas fan de sa performance, et puis après tout, ce ne serait pas la première fois que l’Académie préfère un acteur blanc à un Afro-Américain qui part pourtant en absolu favori (kof kof Chadwick Boseman kof kof). Pour moi, le jeu se joue entre Andrew Garfield et Benedict Cumberbatch, et c’est ce dernier que je récompenserais aux côtés de Jesse Plemons pour Le Pouvoir du Chien. Mêlant charisme et venin, sensualité et violence brute, son rôle est plein de nuances qui se conjuguent pour incarner un personnage mémorable.

MEILLEURE RÉALISATION
- Jane Campion, pour Le Pouvoir du Chien
- Kenneth Branagh, pour Belfast
- Ryūsuke Hamaguchi, pour Drive My Car
- Paul Thomas Anderson, pour Licorice Pizza
- Steven Spielberg, pour West Side Story
- Il aurait dû être nommé → Denis Villeneuve, pour Dune
Si Denis Villeneuve avait été nommé, je n’aurais eu aucune once d’hésitation. Malheureusement, l’Académie ne l’aime pas – comme le démontre, entre autres, son snob pour 2049 en 2017. Il semblerait alors que cette 94ème cérémonie suive les pas de sa prédécesseuse en couronnant à nouveau une réalisatrice : Jane Campion, pour Le Pouvoir du Chien. Après avoir été devancée par Steven Spielberg en 1993 dans un duel La Leçon de Piano contre La Liste de Schindler, ce serait un beau passage de flambeau que de triompher face à West Side Story. D’autant plus avec un film techniquement irréprochable, réinventant le western moderne avec un regard aiguisé !

MEILLEUR FILM
- La Méthode Williams
Chaque cérémonie des Oscars a son biopic surcoté et La Méthode Williams remporte le prix cette année ! Cinématographiquement, il n’y a pas grand chose à dire sur cette adaptation de la vie du père des championnes de tennis Venus et Serena Williams. Ce n’est pas qu’il soit mauvais, mais rien ne le démarque vraiment – outre le fait que je trouve particulièrement problématique d’ériger en héros la figure franchement controversée du père Williams, semblant lui attribuer tous les lauriers des succès de ses deux filles. De toutes façons, j’aime pas le sport. Et toc.
- Licorice Pizza
Je dois avouer que Licorice Pizza ne m’a pas happé dès le visionnage, mais qu’un petit quelque chose s’est développé avec le temps. C’est un film teinté de nostalgie, plein de la douceur d’une jeunesse ensoleillée et de romances estivales – esthétiquement chaleureux et rempli de l’âme de ses deux acteurs principaux, Alana Haim et Cooper Hoffman. Il lui manque tout de même plus de coffre pour espérer remporter la statuette suprême, mais ne dénote pas dans les nominations.
- Nightmare Alley
Guillermo del Toro, déjà victorieux en 2018 avec La Forme de l’Eau, remet le couvert cette année avec Nightmare Alley. Le film tout entier repose sur son atmosphère, bien qu’exempté des habituels monstres fantastiques du maître, nous replongeant dans une Amérique foraine et crasseuse au tournant des années 30. Le casting est phénoménal et l’histoire prenante, dans un écrin dans la pure veine néo-noire. Mais les films de genre ont souvent du mal à se démarquer aux Oscars, et la fin du film en demi-teinte joue sans doute en sa défaveur.
- Don’t Look Up
Don’t Look Up est une satire diaboliquement efficace, toujours assez drôle pour nous divertir mais toujours assez pertinente pour nous désespérer du monde dans lequel on vit. Mon seul regret est qu’Adam McKay n’aille pas encore plus loin dans sa critique virulente, comme il avait pourtant su le faire avec Vice ou The Big Short – ce qui les rendait, à mon sens, plus susceptibles de remporter l’Oscar. C’est pour ce déficit d’acerbité que je le range si bas, bien que je ne rechignerais pas à un nouveau visionnage, si ce n’est que pour son extraordinaire séquence finale.
- Dune
Denis Villeneuve ne squatte pas deux places de mon top 3 pour rien, et il démontre une nouvelle fois avec Dune qu’il est le maître absolu du worldbuilding en science-fiction de la dernière décennie. Pour tout son mérite technique, sonore et visuel, Dune est absolument légitime dans la catégorie Meilleur Film. Je l’aurais même placé beaucoup plus haut… si le scénario ne se reposait pas tant sur la prémisse qu’un second film est à venir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le film fait parler de lui et pourrait créer la surprise, au delà de mes goûts personnels.
- Belfast
Avant que la saison des récompenses commence, Belfast était placé comme favori. Et puis cérémonie après cérémonie, il est reparti les mains vides, diminuant fortement ses chances de s’illustrer ici. C’est dommage, car quand Kenneth Branagh n’est pas occupé à massacrer mes livres d’adolescence préférés ou l’accent français, il se révèle être un excellent réalisateur. Grâce, sans doute, à un sujet très personnel : son enfance dans l’Irlande du Nord déchirée par la guerre civile. Belfast est intime, touchant, avec parfois de belles idées de mise en scène, et mérite pour moi une place sur le podium.
- CODA
Si ça ne tenait qu’à moi, les deux films suivants seraient plus bas dans le classement. Mais il faut bien aussi faire preuve de réalisme, et force est de constater que CODA s’est imposé en une semaine comme l’outsider favori de la cérémonie. C’est un film sympathique, c’est vrai, mais il a surtout pour avantage dans la compétition le fait que les spectateurs américains n’ont sans doute pas vu l’original… La Famille Bélier. Et pour le spectateur français que je suis, forcément, ça a un peu un goût de déjà vu banal – bien que je lui reconnaîtrai la grande qualité d’avoir employé de vrais acteurs sourds, ce que la version française n’avait pas fait !
- Le Pouvoir du Chien
Qui va l’emporter ? Le Pouvoir du Chien. C’est en tous cas mon pronostic réaliste, si je devais mettre mes préférences personnelles de côté. Je l’ai dit et je le pense, le western de Jane Campion est techniquement irréprochable et servi par des performances sublimes, mais il est presque trop parfait pour son bien. Dans cette mécanique trop bien huilée, j’aurais aimé plus voir l’âpreté que le sujet demandait. Il n’en reste pas moins un film audacieux, différent, qui signerait un Oscar intéressant à défaut d’être aussi remarquable que certains de ces prédécesseurs.
West Side Story est un chef-d’oeuvre absolument magnifique, une réinvention d’un mythe pourtant fondateur, qui ne paraît jamais surannée, superflue ou blasphématoire. Steven Spielberg fait de la comédie musicale originale un feu d’artifice de tous les instants, promenant sa caméra de scène en scène au fil de chansons inoubliables. J’adorerais voir une victoire surprise reflétant celle d’il y a 60 ans, intronisant au panthéon de l’Académie l’une des plus belles pièces cinématographiques de l’année 2021.
Alors voilà, il n’en reste plus qu’un. Et l’Oscar du Meilleur Film est attribué à…

DRIVE MY CAR
Ses chances réalistes sont infinitésimales, mais un scénario à la Parasite pourrait bien se répéter et octroyer à l’odyssée japonaise de Ryusuke Hamaguchi la récompense suprême. Dans ce monument où chaque mot est un poème, les langues se lient et se délient tandis que la petite voiture rouge se fait le cadre des plus profondes introspections. Je ne m’attendais pas à être autant emporté par ce drame subtil, mais il sera assurément mon petit favori personnel ce soir – en espérant, pourquoi pas, que l’Académie ose couronner le vrai meilleur film de 2021.
La 94ème cérémonie des Oscars, c’est dans la nuit de dimanche 27 à lundi 28 mars, à 2 heures du matin. Et toi, quels sont tes pronostics ?

— Arthur
…et ce ne fût pas toutafé ça….. mais j’aurai davantage « voté » comme toi !
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Ma foi comme chaque année, 50% d’envies correctes, et presque tout bon si je regarde plutôt mes pronostics « réalistes » ! Je me suis surtout fourvoyé sur CODA, et Belfast au Scénario Original.
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c’est dingue ce « Coda » – l’original n’était pas vraiement Top….
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Comme je le dis plus haut, les Américains n’ont sans doute pas vu l’original donc ça joue en sa faveur. Et puis le côté feel good, l’inclusion d’acteurs minoritaires, c’est ce qui avait fait la victoire de « Green Book » ; c’est loin d’être le film le plus original ou audacieux, c’est juste le film qui ne fait pas de vagues quoi. On le voit, on est content, on passe à autre chose.
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